LA NOUVELLE REPUBLIQUE 20.01.2020
Marjorie Dangel, directrice du cinéma Le Dietrich : « Nous avons doublé les entrées en cinq ans mais nous sommes financièrement toujours fragiles. »
© Photo NR
Un développement sur le site est l’une des options imaginées par l’association gestionnaire.
Après avoir décliné la proposition municipale d’un transfert aux Couronneries, le cinéma associatif Le Dietrich n’entend pas pour autant rester dans le flou.
On est ouvert à toutes les propositions à condition que les choses se fassent dans l’ordre, assure Marjorie Dangel, la directrice du Dietrich. Fort aujourd’hui d’une fréquentation qui a doublé en cinq ans (lire encadré), le cinéma associatif « Art et essai » installé dans l’un des anciens bâtiments du quartier Dalesme envisage son évolution dans une logique différence de celle imaginée un temps par la Ville.
En lien avec les financements d’États associés à la politique de la Ville dont va bénéficier le quartier des Couronneries, Grand Poitiers vient d’acter l’acquisition des anciens locaux d’EDF (lire la NR du 18 décembre 2019) pour y installer un pôle culturel réunissant l’Éesi (École européenne supérieure de l’image) et le pôle Aliénor (enseignement supérieur en musique et en danse). Et si dans l’esprit de la municipalité poitevine, le cinéma Le Dietrich aurait pu trouver sa place dans ce contexte, le conseil d’administration de Ciné-U, l’association gestionnaire, a définitivement décliné l’invitation de la mairie en mai dernier.
« Ne pas rester sur un seul écran » « Notre objectif est effectivement de nous développer et de ne pas rester sur un seul écran », éclaire Marjorie Danjel qui explique que la structure a longuement réfléchi à l’opportunité offerte par la Ville. Mais les études de marché et de public, l’attachement à l’identité de la salle, le manque de garantie sur la question des transports jusqu’à minuit pour un public plutôt de centre-ville, ou encore le nécessaire développement d’un secteur de médiation en lien avec le quartier pour une équipe réduite de quatre salariés déjà très occupée ont contribué à motiver le refus de l’association.
« La mairie a pris acte en pensant que nous voulions rester ici dans une seule salle alors nous tenons à nous développer avec plus de moyens, poursuit la directrice. Pourquoi, par exemple, ne pas s’agrandir ici avec un deuxième écran, tout en développant l’espace d’accueil puisque les travées voisines sont en vente ? On peut aussi imaginer s’implanter dans le quartier de la gare. »
Avec un travail à la qualité reconnue par la profession et un public au rendez-vous, Le Dietrich entend renouveler avec la Ville sa convention d’objectifs et de moyens. Une fois les élections passées, « nous allons renouer le dialogue avec la Ville pour qu’elle prenne conscience que l’on est un acteur culturel essentiel à Poitiers et que l’on entame un travail sur une vraie co-construction d’un autre projet de développement ».
A suivre
>En chiffres. Depuis l’arrivée de sa programmatrice salariée Amélie Boisgard,
>la fréquentation du cinéma Le Dietrich a doublé en cinq ans grâce à une diversification conservant par ailleurs l’ADN des lieux que sont les soirées à thème, les premiers films ou les partenariats avec des structures extérieures. Voici la progression du nombre des entrées : 19.871 et 2015, 24.544 en 2016, 28.659 en 2017, 32.247 en 2018 et 38.690 en 2019.
>Séances exceptionnelles. Elles fonctionnent très bien qu’elles soient des séances uniques, des avant-premières, des inédits… Certaines font salle comble comme le Rocky horror picture show programmé tout les ans. Le rendez-vous 2020 aura lieu le vendredi 25 janvier à 21 h 30 et le pré-achat des places à la salle aux heures de séances est vivement conseillé.