LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE 04.06.2020
L’idée de ces espaces d’agriculture urbaine est de recréer du collectif. © (Photo Dominique Bordier)
Depuis deux mois à Poitiers, des collectifs d’habitants ont décidé de s’emparer des espaces verts de leur quartier pour rendre la nourriture accessible.
Elles s’appellent Mathilde, Amélie et Pauline. Elles sont les jardinières masquées de Poitiers. Inspirées par la démarche d’un collectif d’habitants à Tours pendant le confinement, elles ont elles aussi voulu s’emparer des espaces verts inoccupés de leur ville. Leur souhait est de cultiver des fruits et des légumes « pour pouvoir se nourrir à proximité » de chez soi. Pour
« faciliter l’accès à la nourriture, favoriser la biodiversité dans la ville de Poitiers », s’exprime Mathilde, l’une des organisatrices.
« C’est un retour à la terre ! » C’est ainsi que, samedi soir dernier, elles ont aménagé trois espaces collectifs de culture urbaine autour de la résidence Kennedy aux Couronneries. En réponse à un appel lancé trois jours avant sur leur page Facebook, une trentaine d’habitants, enfants comme parents, venus du quartier et du centre-ville, ont ensemble mis les mains dans la terre. Chacun est venu avec ses plants et ses outils de jardinage. L’occasion aussi de découvrir son voisin à qui on a jamais parlé. Un rendez-vous à la fois pédagogique et éducatif, car il faut dire que tous les participants ne sont pas des agronomes. « C’est un retour à la terre ! À terme, l’idée est que les habitants, les élus, les agents municipaux, au lieu de planter des fleurs, plantent des légumes. »
Cette initiative est loin d’être isolée. Dans le quartier de la gare, rue de Maillochon, une dizaine d’habitants se sont passé le mot il y a deux mois, pendant le confinement. Alban Heuzé, un habitant, se questionne dans quel espace il aimerait vivre. Puis un jour les riverains sont passés à l’acte en récupérant un bout de terre (un peu plus de 100 m2). « On s’est auparavant assuré que cela ne gênerait pas les agents de la SNCF ni les promeneurs de chiens pour qu’ils gardent un espace », assure-t-il. Et la solidarité est toujours là. « Une habitante nous a fait un don d’arrosoir, une autre de bambou pour fabriquer des tuteurs… »
Prochain rendez-vous des Jardinières masquées vendredi 5 juin à partir de 17 h.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook « Les Jardinières masquées de Poitiers ».