LA NOUVELLE REPUBLIQUE 02.11.2019
Dans ses locaux aux Couronneries, l’association féministe accueille, informe et forme.
© Photo NR
Deux fois par an, le Planning familial de Poitiers forme des professionnels amenés à parler de sexualité. L’objectif : libérer l’écoute et la parole.
« Avant cette formation, j’étais convaincue que ce n’était pas moi qui évitais de parler de sexualité en consultation mais que c’était les patientes que ça gênait le plus. » « En tout cas, j’aiderai toutes les femmes qui viendront dans mon cabinet ou ailleurs, car je pense avoir acquis un courage et une écoute, qui ne sera plus seulement celle d’un médecin. »
A la lecture des mots laissés par les femmes – les hommes se faisant plus rares –, les formations du Planning familial de Poitiers, aux Couronneries, créent un changement profond chez les participantes. “ Dans l’intimité, on insulte, on bat, on tue ” A côté de ses missions d’accueil et d’information, l’association féministe, créée dans les années 1970 à Poitiers, forme deux fois par an des intervenants sanitaires, sociaux médicaux, éducatifs, et les médecins depuis 2010. « Toutes les professions où on est appelé à parler de sexualité », résume Françoise Petit. La conseillère conjugale au Planning, et intervenante lors de la formation, dénonce l’absence de formation des professionnels. L’association pallie un manque de l’État dans différentes branches de la société, jusque dans l’Éducation nationale.
Lors de trois modules de deux jours (*) répartis sur trois mois, « pour avoir le temps de digérer », la quinzaine de participants volontaires – dans une ambiance où la plaisanterie n’est jamais loin – revoit les bases de la sexualité, pour poser des mots simples, lever les tabous. « Il y a une progression dans la formation, explique la militante. Comment, pourquoi et quand parler de sexualité ? On aborde le rapport homme/femme, on se demande comment parler de sexualité aux jeunes. » La contraception, les infections sexuellement transmissibles, les interruptions volontaires de grossesse, la pornographie, la prostitution, rien n’est laissé de côté. Les violences sexuelles sont, elles, au centre des discussions.
« Cette formation ne peut pas laisser indifférente », témoigne Nicette Bougnet, « éducatrice à la vie » au Planning familial et ayant elle-même suivi les modules. « Tout le monde partage son histoire. C’est de l’éducation populaire », ajoute Annick Cousin, elle aussi « éducatrice à la vie ». « On casse le mot intime, renchérit Françoise Petit, on le combat. L’intime est politique. Dans l’intimité, on insulte, on bat, on tue. »
“ Il faut écouter et croire ” L’objectif est de donner aux professionnels les clefs pour réagir, avec les bons mots, face aux femmes et hommes qui viennent les voir pour différentes raisons. « Il faut écouter, croire, et leur dire qu’elles ne sont pas coupables », insistent les féministes. Depuis 2010, les militantes estiment qu’environ 240 personnes ont été formées : « Ça essaime, souligne Françoise Petit, ces personnes repartent convaincues. Elles changent les choses autour d’elles. »
(*) La prochaine formation « Genre et santé sexuelle » débute le mardi 26 novembre.
Planning familial : 20, rue du Fief-des-Hausses, à Poitiers.
Permanence tous les lundis de 18 h à 20 h. Contacts : 06.40.21.09.26. ou planning.familial -ad86@wanadoo.fr