LA NOUVELLE REPUBLIQUE 27.07.2019
Vincent Lapize pose sa caméra dans un espace en pleine mutation. © Photo NR
En résidence au centre d’animation des Couronneries, le documentariste poitevin Vincent Lapize filme le “ terrain rouge ” pour rencontrer les habitants.
Aux Couronneries, à Poitiers, le « terrain rouge » est connu par les habitants pour la couleur de son revêtement. Cet espace, situé à l’arrière de l’école Charles-Perrault, a été tantôt un terrain de tennis, puis de foot. Un lieu en pleine mutation, dans un quartier lui aussi en pleine transformation, où Vincent Lapize a décidé de poser sa caméra.
Depuis début juillet, le documentariste poitevin est en résidence pour trois mois au Centre d’animation des Couronneries, avec le soutien de Passeurs d’images. « On lui donne carte blanche », assure Marina Esnault, chargée de la programmation culturelle. Dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier, la Maison du projet mène un certain nombre de projets artistiques avec une approche mémorielle.
“ Il y a parfois un besoin de témoigner ”
« Je m’intéresse à la question de la rénovation urbaine. Comment les habitants d’un quartier investissent l’espace public ? Comment cet espace reflète la réalité de chacun ? Il y a une dimension contemplative dans mon cinéma. Mais l’idée n’est pas de mener une étude », précise cet ancien étudiant en sciences humaines, auteur d’un premier long-métrage en 2015 sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, « Le dernier continent ». Et dont le premier court-métrage était consacré aux jardins partagés des Couronneries. Plutôt que de travailler à l’échelle du quartier, le cinéaste a fait le choix de zoomer sur ce lieu « qui allait être transformé ». En avril, des habitants se sont réunis sur le « terrain rouge » en présence des urbanistes du cabinet Lambert-Lenack pour imaginer ce que ce lieu pourrait devenir. Depuis, les pelleteuses se sont déjà activées. Des buttes ont été élevées afin de mettre en place des jeux éphémères. « Je vais faire des portraits d’habitants, explique Vincent Lapize, qui veut donner la parole aux personnes invisibles, celles qui ne participent pas à la vie publique, aux concertations. Finalement, qu’est-ce qu’un projet comme celui-ci apporte comme espoir ? Comment la vie se recompose dans cet espace ? L’idée est de faire des rencontres. Il y a parfois un besoin de témoigner. »
Après les repérages de cet « écosystème », le tournage commencera en septembre. Le documentaire de 15 à 20 minutes devrait être diffusé à la fin de l’année.
Des ateliers d’éducation au cinéma
La résidence de Vincent Lapize comporte un deuxième volet en plus du court métrage. Pendant un peu plus d’une semaine, accompagné de Gilles Guillaume, animateur au centre d’animation, il a partagé ses
« connaissances en matière de cinéma documentaire » à un petit groupe d’habitants. L’idée est de leur donner les clefs théoriques et pratiques pour qu’ils réalisent un film dans un lieu « où ils ont un lien ». « Une cartographie subjective du quartier », précise le réalisateur.