Municipales 2020 : Léonore Moncond’huy, une engagée à la mairie de Poitiers

30 juin 2020

LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE 29.06.2020

Léonore Moncond’huy, hier soir, dans les locaux d’EE-LV à Poitiers. Elle est coprésidente du groupe écologiste au conseil régional. © (Photo Patrick Lavaud)

Tombée dans l’engagement quand elle était petite, Léonore Moncond’huy s’apprête à devenir maire de Poitiers. Il y a cinq ans, l’ancienne scoute n’avait encore jamais fait de politique.

Dans ses interventions publiques, les mots déferlent comme un torrent. Vifs, fougueux, souvent révoltés, parfois cassants. Léonore Moncond’huy est une jeune femme pressée. À l’image de la génération Climate Change, en colère et impatiente d’agir face à l’urgence climatique.

Pressée mais rarement dans l’improvisation. Chez elle, le contrôle semble permanent. Sauf hier soir. Libérée par l’annonce de sa victoire à l’élection municipale de Poitiers, elle a brièvement fendu l’armure dans le local d’Europe Écologie – Les Verts.

« C’est un truc de “ ouf ” », réagit-elle en regardant son compagnon et colistier comme pour mesurer le chemin parcouru. « C’est une véritable surprise. Je pensais qu’il y aurait deux points d’écart avec le maire sortant mais pas forcément dans ce sens-là. » C’est dire si elle imaginait encore moins la large victoire qui la propulse sur la scène politique nationale à tout juste 30 ans.

« C’est l’âge des idées qui pose problème, pas l’âge des personnes » La figure montante d’Europe Écologie – Les Verts s’agace pourtant d’être trop souvent réduite à son âge : « Il y a toujours un jeune de service. C’est l’âge des idées qui pose problème, pas l’âge des personnes », dit-elle, manifestement ravie d’être devenue trentenaire entre les deux tours de l’élection. « Au-delà de la jeunesse, il y a des idées, une dimension citoyenne, un projet… »

« L’ancienne scoute écolo défie le baron socialiste », titrait L’Obs, le 16 juin dernier. Ce cliché-là a aussi le don de la contrarier. « J’ai été scoute, je suis écolo, c’est facile ! » souffle-t-elle en concédant tout de même que l’expérience chez les Éclaireurs unionistes de France a été formatrice : « Je suis devenue scoute à 11 ans et cela a eu beaucoup d’importance pour moi. On vous fait confiance très jeune pour porter des choses en autonomie, on vous confie des responsabilités. »

On la retrouvera donc sans surprise au Conseil communal des jeunes de Poitiers, ville où elle est arrivée quelques semaines après sa naissance à Paris, puis au Bureau des jeunes, au conseil de la vie lycéenne, au conseil de son UFR à l’université et plus tard engagée en service civique. « Je crois que j’ai fait tous les dispositifs ; j’avais envie de participer, d’avoir mon mot et d’agir surtout. Je n’étais pas là pour faire de la figuration », raconte la poly-engagée qui a naturellement poursuivi ses études à Paris pour décrocher un premier master d’affaires publiques à Sciences Po puis un second master de coopération internationale en éducation et formation pour pouvoir travailler dans une ONG.

C’est à ce moment-là, à la fin de ses études, que les écologistes sont venus lui proposer d’être leur tête de liste dans la Vienne, lors des élections régionales de 2015. Jeune, jolie, baroudeuse, amoureuse de la nature, surdiplômée, brillante, elle avait surtout pour elle ce goût de l’engagement. « C’était une opportunité, admet Léonore Moncond’huy. Je ne militais dans aucun parti, je ne pensais pas à la politique. Mes parents, enseignants, m’avaient transmis des valeurs mais ils n’étaient pas militants. Je n’avais en tout cas pas de plan de carrière en tête. »

À Bordeaux, elle ne tarde toutefois pas à se faire remarquer. Deux ans plus tard, elle se retrouve propulsée à la coprésidence du groupe EE-LV. C’est à elle que revient en particulier la mission de porter la parole des remuants alliés d’Alain Rousset lors des séances publiques. Un président qu’elle ne ménage pas et qu’elle agace souvent.

« Elle a acquis une capacité d’écoute » Malgré elle, assure-t-elle : « Je trouve dans ce mandat un moyen d’agir qui me plaît bien. On dit que les écolos sont extrêmes, radicaux, râleurs… J’aspire à des partenariats politiques plus solides en amont. »

Admiratif, son collègue écologiste deux-sévrien Nicolas Gamache ne tarit pas d’éloges : « C’est une belle personnalité, j’allais dire forte, mais belle avant tout. Elle est réactive, elle a du répondant, du talent. Elle n’a pas froid aux yeux, quoi ! » Cette responsabilité, estime-t-il, lui a aussi permis de gagner en rondeur : « Elle a acquis une capacité d’écoute. Ce n’est pas facile d’animer un groupe comme le nôtre. Au début, elle pouvait avoir du mal sur la contradiction… »

Une expérience utile avant l’aventure de Poitiers Collectif, qu’elle a initiée – la candidate se souvient de la « soirée très houleuse » de l’élection sans candidat qui a abouti à sa désignation. Et qui devrait s’avérer précieuse pour animer sa future majorité plurielle de gauche au conseil municipal.

« Quand on est jeune, j’ai le sentiment qu’on doit encore plus faire ses preuves que les autres, regrette-t-elle. J’ai attrapé le virus de la politique à la Région quand j’ai vu tout ce que l’on pouvait faire. Ce n’est pas le pouvoir en soi qui m’intéresse mais le pouvoir de changer le monde. Je ne suis de toute façon pas attachée à tout ce qui est honorifique. » En tant que maire de Poitiers, à présent, à elle de jouer.

En savoir plus : une « baroudeuse » qui aime la nature

Les scouts occupent une place importante dans la vie de Léonore Moncond’huy et dans son engagement. Dans L’Obs, elle explique que c’était « la vie dans la nature, la vie en plein air » : « On arrive dans un champ, on s’y installe pendant quinze jours, et on le laisse dans l’état dans lequel on l’a trouvé. » Un engagement cohérent, donc. Visage de l’écologie poitevine, elle continue de siéger au sein des instances nationales des Éclaireuses et éclaireurs unionistes. La jeune femme n’hésite pas à se décrire comme
« baroudeuse ». Ses vacances, elle aime les passer à vélo, en train ou en stop à sillonner l’Europe avec son sac à dos. « J’aime beaucoup les voyages », dit-elle. « Et il existe d’autres moyens de voyager que l’avion… » Adepte des sports « nature » et de la course à pied, elle est une amoureuse de la culture italienne : « J’ai appris l’italien au lycée et à la fac, j’ai passé un an à Sienne en Erasmus et je vais presque tous les ans en vacances en Italie. J’aime le cinéma, la littérature, la cuisine… »

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