CENTRE PRESSE 23.09.2017
La baisse de l’allocation personnalisée au logement que le gouvernement veut mettre en œuvre est vivement contestée par le bailleur social Ekidom.
Un programme de travaux de 151 millions d’euros est mis à mal aux Couronneries.
Nous contraindre de baisser de 50 € les loyers de nos locataires dont l’APL (allocation personnalisée au logement) serait réduite d’autant est un signe très négatif que le gouvernement adresse aux bailleurs sociaux. Daniel Hoffnung, président d’Ekidom, le bailleur social de Grand Poitiers, était très colère hier matin lors d’une conférence de presse qu’il a tenue avec Stéphanie Bonnet, la directrice d’Ekidom. Habituellement très réservé, il n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre du projet gouvernemental.
> » La mixité sociale mise à mal «
« En apparence, c’est indolore pour nos locataires qui perçoivent l’APL. C’est oublier que cette baisse viendra réduire nos marges de manoeuvre pour maintenir notre parc immobilier en l’état et compromettre nos programmes de construction, ajoute Stéphanie Bonnet, la directrice d’Ekidom. Très vite, les logements vont se dégrader. Les locataires seront les premiers pénalisés. » Les deux responsables argumentent. 50 € de baisse des loyers se traduiraient par une diminution de 3,6 M€. Ekidom compte 11.200 locataires. Une grande majorité bénéficie de l’APL. « 3,6 M€ c’est précisément le montant de notre autofinancement », souligne Stéphanie Bonnet. Daniel Hoffnung : « Si les appartements se dégradent, les locataires qui le pourront s’en iront. Les plus pauvres seront contraints de rester. La mixité sociale en prendra un coup. Je ne pense pas que ce soit le but recherché par le gouvernement. » Le président d’Ekidom ne cache pas non plus ses craintes pour la rénovation urbaine du quartier des Couronneries. Un programme de 151 M€ de travaux est annoncé pour réhabiliter plusieurs tours d’immeubles. La moitié sera à la charge des bailleurs sociaux, Ekidom et Habitat de la Vienne. « Si nous ne pouvons pas financer les travaux, c’est autant d’argent qui n’ira pas aux entreprises du bâtiment et à l’emploi. »
> Peu ou pas de compensations
Pour faire avaler la pilule aux organismes HLM qui tiennent leur congrès national la semaine prochaine à Strasbourg, le gouvernement a mis sur la table plusieurs compensations. Elles ne toucheront que très peu les bailleurs sociaux de la Vienne. Le département n’est pas en zone tendue. Le délai d’attente pour bénéficier d’un logement HLM est de moins de six mois, contre plus de deux ans en région parisienne. Et le taux de rotation est élevé : 15 % à Poitiers contre 9 % en Ile-de-France.
A Poitiers, l’incitation à vendre les appartements pour se procurer de nouvelles recettes ne devrait guère intéresser les locataires « Une vingtaine seulement par an sont preneurs, dit Stéphanie Bonnet. Le marché immobilier est stable. Il y a peu ou pas de plus value à attendre d’une revente. Et il faut assurer l’entretien. Le maintien du taux du livret A à 0,75 % sur deux ans pour nous encourager à continuer d’investir en limitant la charge des emprunts ? « Nous empruntons sur 40 ans. »
Jean-Jacques Boissonneau
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