LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE
Au sommet de l’actuelle tour Kennedy, la vue est imprenable sur le chantier du futur bâtiment.
Samuel Bonneau, directeur de la résidence, constate, de semaine en semaine, l’avancement des travaux, qui se termineront à la fin de l’année. © Photo NR
À Poitiers, la tour Kennedy, qui abrite des jeunes de tous horizons, va disparaître au profit d’un bâtiment neuf déjà baptisé Le Barangaï K2. Déménagement en janvier.
Depuis quelques mois, dans le cadre de la réhabilitation du quartier, les habitants des Couronneries à Poitiers voient, entre autres changements, un petit immeuble sortir de terre. Il comptera 5 étages et se situe juste derrière l’actuelle résidence habitat jeunes Kennedy. Sans écrire son dernier chapitre, bien au contraire, la résidence actuelle -vouée à la démolition en octobre 2023-, va renaître dans de nouveaux espaces.
« Ce sont 40 ans d’histoire qui se terminent, annonce avec le sourire Samuel Bonneau, directeur de la structure. Évidemment, nous avons un petit pincement au cœur car nous sommes tous attachés à ce lieu ». Cependant, la transition va se faire en douceur pour un déménagement définitif dans les nouveaux lieux en janvier 2023. « Les résidences habitat sont vraiment « des machines » à intégrer ».
En attendant, « ça fourmille car on se prépare », assure Samuel Bonneau, soulignant au passage un temps fort, celui du changement de nom de la résidence. De façon collégiale avec les locataires et les personnels, le futur immeuble portera le nom Le Barangaï K2. « La décision de changer de nom comme le nom lui-même a été discutée dans le cadre d’un projet culturel participatif autour de la destruction de la tour. Ce mot est philippin et signifie « communauté ». C’est une façon de retrouver l’idée première d’un petit groupe qui vit ensemble. Une petite société qui s’intègre dans la grande ».
« Les résidences habitat sont vraiment « des machines » à intégrer les migrants, les jeunes travailleurs, les étudiants… Grâce aux rencontres, tout le monde s’intègre. Quant au K2, il fait référence à l’histoire de Kennedy et, pour les alpinistes, au deuxième sommet le plus haut du monde après l’Everest [rire] ».
Le sommet sera moins haut à gravir puisque le nouveau bâtiment ne comportera que cinq étages contre douze actuellement avec un local et une terrasse au 13ème. Sept tonnes de mobilier à valoriser.
Le nombre de logements sera aussi revu à la baisse. Cent studios autonomes contre deux cents logements (dont 148 chambres). « L’objectif n’était pas de reconstruire un gros « collectif » mais de répondre aux besoins qui peuvent faire jour à Chauvigny ou à Lusignan par exemple. Le deuxième point était aussi de transformer une grande partie du mobilier car il ne pouvait pas être réutilisé dans les nouveaux locaux ».
Sept tonnes de mobilier sont à revaloriser ; notamment des lits en bois dont les lattes seront transformées en signalétique ou en portemanteaux. « On essaiera de ne rien jeter. Soit les objets partiront dans une filière de réutilisation, soit ils seront donnés à des associations ». Vertueux.
Repères
900 demandes par an pour habiter dans la résidence
Quelles conditions sont-elles exigées pour bénéficier d’un logement en résidence ? Réponse donnée par Samuel Bonneau : « Tout jeune âgé entre 18 et 30 ans peut en faire la demande à partir du moment où il peut payer son loyer. Il peut avoir un projet professionnel ou faire des études. Ils ont aussi les mêmes droits que les autres locataires et leur bail leur ouvre aussi des droits aux APL. Ils sont chez eux ».
Une solution appréciables dans un contexte où « le marché locatif à Poitiers est assez tendu, avec une augmentation des loyers pouvant atteindre les 12% ». La résidence abrite 900 personnes (dont 400 étudiants). Une commission pour les admissions se réunit chaque semaine. Il faut compter sept jours pour avoir une réponse et sept jours de préavis avant de partir.
Outre cet accès facilité, la question des futurs espaces est aussi au cœur des préoccupations de l’équipe de la résidence. Ils ont été pensés « plus égalitaires ». « La question des espaces oriente la façon d’y vivre, notamment pour les filles ». Après un diagnostic sur l’existant, le cabinet d’architecte a proposé une signalétique claire, des murs transparents, une laverie comme espace centrale et de passage, une organisation spatiale des meubles… Rendez-vous en janvier 2023 pour découvrir ce lieu dont l’entrée sera située au numéro 5 de la rue Henri Dunant. Là encore un autre changement…
Pas de logement à La Caserne
En recherche de nouvelles solutions pour permettre aux jeunes de trouver un toit décent, Samuel Bonneau et son équipe avaient envisagé de « candidater » pour le tiers-lieu La Caserne. « Nous menons une étude pour quantifier les besoins sur Grand Poitiers à 40 communes, développe Samuel Bonneau. Nous sommes toujours en recherche de nouveaux lieux. La Caserne nous semblait un endroit intéressant et vivant ». Le tiers-lieu semble privilégier l’hébergement social pour des personnes défavorisées. « Nous avons d’autres pistes à Poitiers dans des lieux à réhabiliter ».