CENTRE PRESSE 08.04.2019
Marjorie Dangel, directrice : « Le Dietrich doit garder son identité ».
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Le Dietrich n’a pas encore dit oui aux Couronneries.
La Ville projette d’installer aux Couronneries un « pôle image » accueillant Le Dietrich. Le cinéma va-t-il accepter ce déménagement ? Son conseil d’administration tranchera à la fin du mois.
Le Dietrich va-t-il intégrer le futur « pôle image » que la Ville veut installer dans un bâtiment neuf des Couronneries pour y regrouper le cinéma d’art et essai et l’école européenne supérieure de l’image?
La question était à l’ordre du jour du dernier conseil municipal (voir encadré – CP du 08.04.2019). Elle divise toujours le conseil d’administration du Dietrich, qui doit trancher fin avril, et n’a donc toujours pas accepté ce déménagement porteur d’autant d’espérances que de craintes. Certes, le Dietrich bénéficierait dans ce nouveau lieu – dont l’implantation exacte n’a pas encore été révélée – de plusieurs salles (sans doute 4 au total, dont une grande de 180 places) contre une seule dans ses actuels locaux du boulevard Chasseigne.
« On ne pourrait pas continuer avec quatre salariés »
Mais d’un autre côté, bien des questions restent en suspens : à l’heure où le Dietrich a su reconquérir son public (32.000 entrées en 2018 contre moins de 20.000 deux ans plus tôt), ses habitués sont-ils prêts à le suivre aux Couronneries? Son identité de cinéma « art et essai » à taille humaine ne risque-t-elle pas, à terme, d’être dénaturée par un déménagement impliquant une nouvelle dimension ? « Nous sommes une association, et Alain Claeys lui-même nous l’a rappelé : on a le droit de dire non », rapporte la directrice du cinéma Marjorie Dangel. Comme le Dietrich l’avait demandé, deux études – financées par la Ville – ont été menées fin 2018 pour tenter de mieux cerner avantages et inconvénients de l’éventuel déménagement. D’abord, une étude de marché réalisée par un cabinet privé, ensuite une étude du public du Dietrich, assurée par la Junior entreprise de l’IAE (Institut d’administration des entreprises). La première estime qu’aux Couronneries, le potentiel de fréquentation d’un Dietrich disposant de plusieurs salles avoisine 73.000 spectateurs par an. « Mais la Drac – NDLR: direction régionale des affaires culturelles – utilise d’autres méthodes de calcul et table plutôt sur 50.000 à 55.000 », tempère Marjorie Dangel. Quant à l’étude du public, ses enseignements n’offrent pas davantage de certitudes : certains spectateurs sont prêts à suivre le cinéma aux Couronneries, d’autres moins ou pas du tout. Le décès accidentel en septembre dernier d’Olivier Naudin, alors président de Ciné-U, l’association qui gère le Dietrich, a laissé un grand vide. « Il était très impliqué et ces études nous ont demandé beaucoup de temps », explique Marjorie Dangel qui rappelle qu’une montée en puissance du Dietrich est aussi dépendante des moyens dont il dispose : « La subvention actuelle s’élève à 47.000€, l’étude de marché chiffre à 100.000€ celle dont nous aurions besoin au bout de trois ans si l’on a atteint l’équilibre, mais c’est plutôt 180.000€ pour la première année. Et au niveau de l’équipe, on ne pourrait pas continuer avec quatre salariés, on aurait besoin de quasiment le double. » Bref, entre le boulevard Chasseigne et les Couronneries, le cœur du Dietrich continue de balancer. Et jusqu’à sa décision finale, le suspense reste total.
Lors du conseil municipal du 1 avril, une délibération a évoqué le futur pôle image des Couronneries. Christiane Fraysse, pour Osons Poitiers, s’est fait l’écho de questions que se pose l’association Ciné-U, qui gère le Dietrich, s’interrogeant sur les garanties apportées par la Ville sur le financement.
« Il reste les autres questions sur les déplacements entre le centre et les Couronneries, la restauration associée… » a ajouté l’élue. Michel Berthier, adjoint à la culture, a assuré qu’ « il y a bien une perspective de modification du budget de fonctionnement ».
Frédéric Delâge